Nous arrivons à Horta le dernier week end de la « semaine de la mer ». Pour l’occasion, la ville a fière allure et n’a pas ménagé ses efforts pour ce rendez-vous annuel: illuminations de la promenade du front de mer, concerts, fanfares, danses folkloriques, chorales et bien sûr régates que nous n’avons pas vues mais dont les images sont retransmises sur écrans géants. De grands chapiteaux ont été dressés le long de la promenade et abritent les tablées de restaurants qui offrent divers types de boissons et nourriture. Belle ambiance !
L’intérieur de l’île de Faial vaut aussi le détour: la Caldeira, immense cratère matelassé d’un tapis de verdure abrite encore les eaux d’un lac presque totalement asséché et le volcan du Capelinhos à la pointe ouest de l’île, surgi de la mer il y a à peine 55 ans propulse brusquement le visiteur dans une atmosphère quasi lunaire.
Nous restons à Horta cinq jours, un coup de vent nous obligeant à retarder notre départ pour Flores.
Fin Juillet 2015, nous retrouvons avec grand plaisir Lazy Jack dans le sympathique port de Vila do Porto et commençons notre séjour par deux jours de bricolage à bord : installation de l’antenne Wifi sur le portique arrière (ça marche du tonnerre !), déballage et montage de notre nouvelle annexe Highfield (cadeau de Vincent et Fanny : grand merci à tous les deux !) et enfin changement d’un chariot à billes de Grand Voile (évidemment celui qui est tout en haut et dont le changement oblige à enlever tous les autres et à les remonter : une après-midi de chaise pour Philippe !).
Nous nous octroyons ensuite un tour de l’île en voiture de location pour découvrir l’intérieur et même si le tour est vite fait, nous ne sommes pas déçus par les paysages qui ont pourtant parfois des airs de déjà vus : végétation abondante et variée comme à Madère et aux Canaries, routes bordées d’hortensias et d’agapanthes, forêts de cèdres, villages paisibles et bucoliques comme aux Anglo Normandes (en plus vert) égrenant leur petites maisons blanches aux arêtes et ouvertures soulignées de rouge, vert ou bleu vifs, et enfin quelques points de vue vertigineux sur la mer comme celui du phare de Gonçalo Velho à la pointe Sud –Est.
Après une journée de mer qui nous permet de vérifier que tout va bien sur le bateau, nous rejoignons le port de Ponta Delgada sur Sao Miguel. Même si la marina est grande (un peu vide..), bien équipée et les autorités du port très accueillantes, ce n’est pas le port le plus intéressant sur l’île mais plutôt l’intérieur avec ses lacs de montagne nichés au creux de cratères d’anciens volcans aux eaux bleues ou émeuraudes selon leur situation et les vues panoramiques du haut des sommets . L’attraction de ces lacs en été est telle que nous ne trouvons pas de voiture de location et nous ferons finalement la ballade en Buggy orange fluo avec Vera notre bien sympathique guide Açorienne.
Mercredi 13 Mai 2015, George Town sur Exuma Island, 9h locales: Lazy Jack lève l’ancre et sort des eaux turquoises des Bahamas en se faufilant avec précaution entre les patates de coraux.
Samedi 7 juin 2015, Vila do Porto, sur Santa Maria aux Açores, 14h30 locales: Lazy Jack lance les amarres au ponton d’accueil après 24 jours de navigation et 2835 miles parcourues, soit une moyenne d’environ 118 miles par jour… C’est loin d’être un record de vitesse mais la traversée aura été plus qu’agréable, avec globalement peu de vent (malgré un passage de front un peu musclé pendant 48h), des conditions météo assez variées et… des moments inoubliables.
Trois semaines et demi de navigation en globalement cinq temps.
– D’abord une remontée au prés vers le Nord pour aller chercher le vent de W-NW et pouvoir filer plein Est vers les Açores: pas franchement agréables ces 5 premiers jours, avec une mer suffisamment formée pour mettre à mal nos estomacs fraîchement débarqués de l’avion et un vent un peu mou (10-15N) mais suffisant pour installer une gîte assez inconfortable…Au soir du premier Dimanche, Lazy Jack avait atteint les eaux des Bermudes mais globalement, sur la carte, les Açores restaient encore de tout petits points….à 2100 miles de nous.
– Ensuite, une petite semaine bien à plat qui nous a permis de redresser nos colonnes vertébrales… et qui a commencé par une (courte) période d’euphorie: un bon vent d’ouest, à 160 °, nous permettant d’enregistrer notre record journalier de 170 miles. Aurait-on commencé le grand surf sur les isobares, en route directe vers les Açores ? Rapidement, le vent tombe et le moteur prend le relais autorisant le dessalinateur et les douches.
– Puis le vent refuse et nous revoilà au prés, au milieu de grains et un vent qui forcit dans la nuit de Samedi à Dimanche se stabilisant à 26-29N. C’est l’arrivée du front annoncé par notre navigateur à terre Michel Meulnet (dont nous signalons et recommandons au passage le professionnalisme rassurant) et notre ami Frédéric (qui nous a amicalement et consciencieusement suivis durant tout le parcours). Cela durera jusqu’au milieu de la semaine suivante en mollissant cependant un peu autour de 24-26N.
– Mercredi 28, le ciel s’éclaircit et nous passons clairement la porte de l’anticyclone: mer belle (voire d’huile), ciel bleu, petits nuages ronds de beau temps décorant le tour de l’horizon occasionnant de magnifiques levers et couchers de soleil. Lazy Jack marche à 4,5-5N dans la petite brise. Nous devrons quand même solliciter le moteur quatre jours d’affilée quand le vent fera complètement faux bond.
C’est dans l’anticyclone que nous voyons le plus d’animaux marins: probablement une famille de cachalots au loin avec leurs têtes carrées, des dauphins matin et soir à l’étrave, des oiseaux souvent par couple qui nous accompagnent un moment, et surtout un soir au coucher du soleil… une baleine qui s’ébat à la surface de l’eau pour notre plus grand plaisir.
Nous profitons également de cette navigation tranquille pour cuisiner: pain du bord, pizza, flans, même un essai de pains au chocolat…
– À l’approche des Açores, une dépression est annoncée sur Horta mais nous la longerons sereinement par le Sud jusqu’à notre arrivée à Santa Maria. La brise est revenue et Lazy Jack profite de ses derniers jours de transat, voiles et écoutes tendues, tout entier concentré sur son objectif.
Après un hivernage de Mars à Décembre 2014, Lazy Jack a vu débarquer son nouvel équipage ‘Les Vinnies’ complété d’un passager clandestin, découvert quelques jours plus tard dans la cabine arrière.
Le programme, cette fois-ci: Six mois aux Antilles!
Le Jeudi 4 Décembre 2014, Lazy Jack était heureux de retrouver la fraîcheur des flots et impatient d’atteindre sa prochaine destination: Grenade
De Trinidad nous n’aurons pas vu grand chose…Depuis notre arrivée il y a 4 jours, nous travaillons comme des forcenés à la préparation de l’hivernage de Lazy Jack sur le chantier Peake: formalités de douanes et d’immigration, hivernage du moteur in bord, hivernage du moteur hors bord, réinstallation du système de refroidissement du réfrigérateur, levage du bateau, expertise des dégats sur l’électronique du bord causés par la ligne à haute tension, lessives du bord, pliage et stockage des voiles, nettoyage du bateau intérieur et extérieur, trempage des cordages, stérilisation du dessalinateur ….tout ça pour rentrer dans un pays où il fait maxi 15°C et où les oiseaux sont tout gris…d’ailleurs, nous avons demandé à notre spécialiste des oiseaux pourquoi en France, les oiseaux n’ont pas les belles couleurs des oiseaux tropicaux mais, exceptée l’invocation du climat, la réponse n’était pas très claire…
Bon, nous sommes quand même trés contents de vous revoir TOOOOUUS!….
Malgré les formalités obligatoires très british mais un peu pesantes, les quelques jours que nous passâmes à Tobago furent bien apaisants. Nous nous laissâmes rapidement envelopper par l’atmosphère flegmatique des antilles tout de suite perceptible: larges sourires de bienvenue dés le premier pied à terre, démarche nonchalante des femmes aux formes généreuses, éclats de rires des hommes revenant de la pêche ou à leur poste d’observation sur les bancs du village…
Avec Sandro et Lisa, arrivés quelques heures avant nous, nous fîmes le lendemain un tour pour ‘birdwatchers’ à l’intérieur de l’île qui nous fit découvrir les multitudes d’espèces d’oiseaux tropicaux multicolores qui l’habitent: mouettes, frégates, pélicans sur les rivages mais aussi à l’intérieur perroquets jaunes et verts, jacamars (au long bec effilé et à la robe mordorée), mot mot ( longue queue bleu vert à pompom), manukins (tête rouge et corps bleu), merlins (rapaces d’altitude) et de minuscules colibris multicolores (jaunes, bleus, verts, blancs, oranges…) dans un perpétuel vrombrissement d’ailes…un véritable enchantement dévoilé par Newton George, le grand spécialiste des oiseaux de Tobago mais aussi du monde entier, » l’homme qui appelait les oiseaux avec son iphone « !…
Encore un dernier mouillage forain au sud de l’île et nous nous élançâmes vers Trinidad, la dernière île de ce voyage, 60 miles plus loin où le rendez-vous était pris pour mettre en pension Lazy Jack …
La sortie de l’Amazone fut assez épique.
On se rappellera longtemps des adieux émouvants à la VHF de Mike et Malou, auxquels chacun répondit un trémolo dans la voix, au crépuscule alors que les bateaux encore en flottille se laissaient porter une toute dernière fois par le courant du grand fleuve.
Les 138 miles à parcourir jusqu’à l’océan nous obligèrent à naviguer au moteur à contre courant une bonne partie du trajet et nous empruntâmes le chenal de sortie du fleuve en pleine nuit heureusement escortés par la lune. Cette clarté ne mit cependant pas la flottille à l’abri de tous les problèmes et deux bâteaux, Bijou et Pegase Rider, tombèrent en panne moteur en plein milieu de la sortie, les divers objets flottants chariés par les eaux du fleuve n’étant probablement pas étrangers à ces avaries…Après des tentatives avortées de remorquage vers Cayenne, chacun des deux décida finalement de piquer vers les Antilles malgré les moteurs en berne et se lancèrent donc toutes voiles dehors à la suite des autres vers l’océan.
A la sortie, 1000 miles nous séparaient encore de Tobago. La navigation fut assez éprouvante les premiers jours: mer hâchée aux eaux encore boueuses, levée par un vent dans le nez contraire au courant, succession d’orages plus ou moins violents pour tester notre réactivité aux manoeuvres, alizés du Nord Est assez musclés pour former une mer forte avec quelques specimens de déferlantes dont l’écume venait chatouiller la plage arrière de Lazy Jack…
Ce n’est qu’après 4 jours et demi que les alizés faiblirent un peu, la mer se calma et le ciel se dégagea enfin…Arrivée le septième jour au matin dans la quiétude de la petite baie de Charlotteville sur l’île de Tobago, au Sud de l’arc Antillais.
La descente de l’amazone fut très différente de sa remontée: nous avons emprunté un des plus grands bras du fleuve et nous sommes laissés pousser par le courant, un véritable tapis roulant: retrouvailles avec le mouillage forain de Mojui cette fois ci dans un paisible coucher de soleil puis arrêt avant Afua à Seraria, un village construit autour d’une scierie qui nous a accueillis avec brochettes et caipis…Un dernier Furo nous a permis de renouer avec les berges de la forêt amazonienne avant de découvrir l’étape finale de ce voyage: l’étonnante Afua.
Afua est une charmante cité comme nous n’en avions encore jamais vue: entièrement bâti sur une île, l’ensemble des constructions est surélevé sur pilotis. Dés les premiers pas (et même sous la pluie…) on est frappé par l’atmosphère de détente qui règne dans ces rues bordées de façades soigneusement badigeonnées des couleurs vives du Brésil, interdites aux voitures et sillonnées de vélos aux parapluies multicolores.
C’est à Afua que la flottille a fêté deux grands évènements: l’anniversaire du capitaine du Lazy Jack dignement célébré à la pizzeria Amazonia sur la place de la ville et … sniff… la fin du ‘grand voyage’: soirée endiablée dans une belle salle des fêtes, précédée d’un gouter pour le troisième âge de la ville.
D’Almerim à Novo Horizonte le trajet rejoint un large bras de l’Amazone dont le courant contraire est assez vigoureux. Ici les rives du fleuve s’éloignent mais juste avant l’arrivée un dernier Furo nous fait pénétrer dans de vastes plaines inondées: la forêt Amazonienne a presque disparue et est remplacée par des marais qui s’étendent paresseusement jusqu’aux contreforts bleutés des collines lointaines; la flotille occupe presque toute la largeur du Furo et nous naviguons de conserve avec des troupeaux de buffles qui rentrent dans leurs enclos inondés et dont on ne voit que la tête, les cornes et le dos, suivis de prés par le vol en rase motte d’élégants hérons blancs.
Novo Horizonte est un village de petites maisons sur pilotis construites le long d’un quai de planches branquebalant. Nous sommes accueillis par une floppée de pirogues pleines d’enfants qui nous poursuivent à coup de rames et de rires. Soirée paisible dans cet endroit au milieu de nulle part mais il faut se méfier de l’eau qui dort et … le lendemain un redoutable jacaré trône sur les planches du village, pêché pendant la nuit juste derrière les maisons des villageaois. Un seau plein de piranhas achève de nous rendre ces eaux beaucoup moins hospitalières.
Heureusement la gentillesse des habitants nous fait oublier tous ces dangers: ils nous ont préparé du porc, du canard et une tortue pour le déjeuner et le diner et nous accueillent dans l’épicerie-bar du village, seul batiment dont le groupe électrogène fonctionne…les enfants improvisent pour nous des danses du coin, savant mélange de rap et de sambas et les bières font le reste…
La flottille a voté pour conjurer le sort et découvrir les charmes d’un étroit Furo menant de Porto De Moz à Almerim malgré les deux lignes à haute tension recensées sur le parcours…tout s’est bien passé : les deux lignes ont été passées haut la main par toute la flottille même si Lazy Jack n’a pas pu s’empêcher de renacler un peu devant l’obstacle…le Furo était buccolique égrenant ses fermes esseulées le long des berges inondées, dommage que nous ayons essuyé pendant les deux tiers du parcours des trombes d’eau ce qui a au moins eu l’avantage de faire le plein pour tout le monde.
Le soir à Almerim , c’était toujours Carnaval et nous avons assisté sur la place de la ville, dans le plus pur style brésilien, c’est à dire sous un vacarme assourdissant, à un défilé d’écoles de samba, de chars et de figurant(e)s plus ou moins habillé(e)s …
Belle journée également dans une plantation de chataigniers du Para, à la quelle nous nous sommes rendus en bateau rapide: excursion sur les hauteurs pour admirer d’en haut l’Amazone et ses marécages, après une petite grimpette au coeur de la jungle, au cours de laquelle les moustiques ont fait un festin de mes deux épaules et Mike s’est transformé en veuve joyeuse sous un grand chapeau noir à voilette…